Rythmes et mélodies

AU Bénin, la musique occupe une très grande place. Comme toute autre forme d'art béninois, la musique est indissociable de la vie religieuse. Cet art musical est intimement lié aux danses rituelles qui ponctuent les rites vodoun. Mais la musique, essentiellement rythmique, servira aussi à d'autre fins : pour stimuler l'effort des travailleurs ou, dans le passé, pour donner du courage aux guerriers. De même, lorsque les Béninois sont gais et veulent s'amuser, ils chantent et dansent. Mais quel que soit l'usage qu'on en fait, la musique béninoise demeure un art des dieux.

Chez les Bariba, qui vivent dans le Nord du Bénin, ce sont les membres d'une caste spéciale, les griots, à la fois musiciens, poètes et sorciers, qui sont les premiers officiants de l'art musical, comme c'est le cas dans d'autres régions d'Afrique noire.
Les mélodies béninoises traditionnelles se signalent à l'oreille par la fréquence des changements de ton et l'usage du quart de ton. La musique fon, par exemple, est essentiellement vocale, en ce sens que seule la voix chante la mélodie, les instruments se limitant à ponctuer le rythme, mis à part la flûte utilisée à l'occasion. Ces variations de ton, que permet l'usage mélodique de la voix humaine, s'expliquent en partie par les caractéristiques de nombre de langues africaines et notamment le fongbé. C'est une langue à inflexion : les mêmes phonèmes acquièrent des significations différentes selon qu'ils sont prononcés sur un note aiguë ou grave. Aussi, le chant, pour être compréhensible, doit être porté par une mélodie qui permette de reproduire toutes les inflexions du langage parlé par des variations de ton. L'orchestration de la musique béninoise traditionnelle repose essentiellement sur le rythme. Et ces rythmes accompagnent nombre d'activités quotidiennes des Béninois.

Dans les prières et les exhortations en musique, autant de rythmes destinés aux divinités, les tambours dominent. Ce sont des instruments sacrés dont on dit qu'ils sont dotés, chacun, d'une âme. Seuls des initiés peuvent en jouer. Un orchestre traditionnel comprend au moins trois tambours appelés houn : un grand tambour, le houn-dahô, un tambour moyen, le kpézin, et un petit tambour, le houn-kléoun. Cet orchestre se compose également d'un gan, sorte de gong à une ou deux notes qui peut être remplacé par une simple bouteille ou tout autre récipient à résonance, et d'une paire de castagnettes appelées assan. Le hanyé désigne la musique de la cour des rois d'Abomey. Son orchestre, en plus des tambours et du gong, compte plusieurs gô, des instruments à percussion qui sont des gourdes recouvertes d'un filet dont les mailles enfilent des vertèbres de serpents.

D'autres instruments tels que le toba, une forme de lyre ou de cithare, et la flûte, le kpété, sont largement utilisés. Pour les acha, ou concerts funèbres, on jouera du din, un instrument à une seule corde résonnant au-dessus d'une partie de calebasse, du ka-houn, fait d'une calebasse renversée sur une surface d'eau pour y emprisonner l'air, et du zin-li, une jarre de grès sur laquelle on tambourine à l'aide d'une pièce de cuir.

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